Les dents, une barrière contre les maladies

La bouche n’est pas un monde à part : elle peut être la porte d’entrée pour des infections ou des inflammations extra-buccales. En prendre soin, c’est préserver sa santé.

« On ne peut pas être en bonne santé si la bouche ne l’est pas », affirme le Dr Christophe Lequart, porte-parole de l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD). La cavité buccale est un écosystème où évoluent des centaines de bactéries, bonnes et mauvaises. Avoir une bonne hygiène dentaire est essentiel pour maintenir l’équilibre de cette flore buccale et éviter la prolifération des germes pathogènes. « Les caries et les maladies gingivales sont les deux grandes maladies responsables de la dissémination sanguine des bactéries et toxines dans l’organisme », prévient le spécialiste.

Derrière la tendinite, une carie

Les dents sont constituées de nerfs et de vaisseaux en relation avec la circulation générale. En cas de carie profonde, des bactéries peuvent se retrouver dans l’organisme et se greffer n’importe où: « Une tendinite qui ne passe pas, malgré les traitements, ou qui récidive doit amener à faire un examen dentaire. Une carie non soignée peut être responsable de l’inflammation du tendon ou empêcher sa guérison ». C’est la raison pour laquelle, avant une intervention orthopédique, les chirurgiens demandent systématiquement un bilan bucco-dentaire pour vérifier qu’il n’y a pas de foyer infectieux. Objectif, prévenir tout risque d’infection après la pose de la prothèse articulaire.

Maladies sérieuses

Outre les caries, il ne faut surtout pas négliger les maladies gingivales, dont la parodontite, qui détruit les tissus de soutien des dents. A l’origine de cette pathologie chronique, on trouve les bactéries les plus agressives de la cavité buccale : « Elles synthétisent des toxines pro-inflammatoires qui peuvent, en passant dans la circulation générale, favoriser de sérieuses maladies ». Parmi ces dernières, l’endocardite, une inflammation de la paroi du coeur ou des valves. « Le lien entre parodontite et accidents cardio-vasculaires est également établi, poursuit le chirurgien-dentitste. Elle est la sixième complication du diabète, favoriserait le risque d’accouchement prématuré et contribuerait à entretenir une polyarthrite rhumatoïde existante ». Enfin, des bactéries impliquées dans la parodontite ont été retrouvées dans les artères de victimes d’un AVC hémorragique, ainsi que dans le cerveau de patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

Pensez à vos gencives !

Une hypersensibilité au chaud ou au froid, puis une douleur : ces symptômes qui signent la présence d’une carie nous conduisent chez le dentiste. Rien de tel avec le saignement et/ou le gonflement des gencives, caractéristiques d’une gingivite. « Si mes patients saignaient du cuir chevelu, ils se précipiteraient chez leur médecin traitant », déclare le Dr Lequart. Bref, on ne laisse une gencive saigner : « Si la gingivite, qui est le premier stade de la maladie, n’est pas traitée, elle peut évoluer vers une parodontite, avec le risque de déchaussement et de migration bactérienne ». Or, la parodontite peut être stabilisée grâce à des soins stricts et quotidiens pour prévenir la plaque dentaire et le tartre, qui font le lit des inflammations. Mais l’os est définitivement perdu, alors qu’une gingivite est réversible. Les patients qui présentent une parodontite ont deux rendez-vous dits « de maintenance » par an, non pris en charge par l’Assurance maladie, sauf pour les personnes diabétiques, contre un seul, remboursé, pour les autres. « La moitié des Français souffrent d’une maladie parodontale, mais trop peu sont soignés », déplore l’expert.

Pour calculer votre risque carieux et/ou de maladie parodontale, rendez-vous sur le site de l’USFBD : www.mabouchemasante.fr/quizz

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