Alzheimer : La maladie est-elle liée à une infection des gencives ?
La maladie d’Alzheimer pourrait être liée à une infection des gencives, la « Porphyromonas gingivalis » plus précisément, une bactérie buccale. De quoi s’agit-il ? En quoi peut-elle être liée à la maladie d’Alzheimer ?
Dans les années à venir, chacun d’entre nous connaîtra, dans son entourage, un malade d’Alzheimer. C’est ce que prédisent les plus grands spécialistes de cette maladie neurodégénérative, identifiée il y a désormais plus de 100 ans. La France devrait compter près d’un million de personnes atteintes d’Alzheimer en 2020. Progressivement, les recherches avancent, tentant de nous éclairer sur les origines ou les facteurs de risques. Parmi ceux-ci, le rôle joué par les gencives.
Pour en parler, Guillaume Erner a reçu Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, directeur d’une unité Inserm qui travaille sur les maladies liées au vieillissement, directeur de la Fondation Alzheimer, auteur notamment de « Le guide anti-Alzheimer », ed. Le cherche midi.
« Aujourd’hui on n’a pas de preuves absolues mais on a certaines évidences qui pourraient suggérer que le fait de ne pas se brosser les dents et maintenir cette inflammation des gencives, ces petits saignements, pourraient accélérer le développement de cette maladie et l’arrivée des premiers symptômes. » Philippe Amouyel.
Comment pourrait-on établir cette corrélation entre inflammation des gencives et maladie d’Alzheimer ?
« Depuis quatre, cinq ans, des expériences sont menées qui examinent le cerveau de personnes décédées suite à la maladie d’Alzheimer. Et les chercheurs se sont rendu compte que certains germes présents dans le cerveau, en particulier le « Porphyromonas gingivalis », qui est à l’origine de ces rougeurs, de ces petits saignements que l’on peut avoir en cas de mauvaise hygiène dentaire, sont plus présents chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer que ceux qui n’en avaient pas. L’expérience a été menée ensuite chez les souris. Ce germe, le « Porphyromonas gingivalis », a été déposé sur leurs dents. On s’est rendu compte que la souris commençait a développer des petits troubles qui ressemblaient à ce qu’on peut décrire chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Ce sont des associations aujourd’hui. On n’a pas réussi à démontrer que si vous vous brossez les dents vous n’aurez pas Alzheimer, loin s’en faut. Ce que l’on peut dire, c’est que les phénomènes qui sont associés au non brossage des dents et la proliférations de ces bactéries, pourraient être associés à une accélération de la maladie. » Philippe Amouyel.